Je marche sur le trottoir. J’adore la sensation des feuilles sèches d’automne qui se brise sous mes pieds. J’ignore la foule.

Dans le métro je m’amuse à tenir le poteau et tourner en cercle. La voiture ondule. J’ai horreur du bruit des roues sur la voie ferré, ça fait mal aux oreilles.

Devant sa porte je sonne à côté du nom “Girard”. Avec force je pousse la grande porte et accède à la salle d’entrée. Les carreaux en marbre brillent. Je glisse jusqu’à l’ascenseur. Je monte aux sixième étage. Accueillante et souriante elle m’invite à entrer et à m’asseoir sur une chaise. Elle me sers un verre. On parle pendant qu’elle se maquille. Nous sortons.

Elle me mène vers les grands magasins, nous achetons des parfums, des vêtements. Elle trouve une robe noire, sans manches, courte, avec une texture lisse, qu’elle essaie dans les cabines. Je la regarde devant le miroir, à tourner, elle lève ses cheveux puis les laisse retomber sur ses épaules. Elle achète, en disant qu’elle la mettra ce soir là.

Nous baignons aux soleil dans les fauteuils du jardin du Luxembourg. Nous buvons du café sur le boulevard Saint Germain. Nous regardons des parisiens, la mode, les gestes, puis nous nous perdons dans notre conversation, la bulle se ferme autour de nous.

Nous rentrons pour nous préparer, puis nous dînons au restaurant. Elle est gracieuse pendant qu’elle mange. Affamé, je me force à ralentir à son rythme. Après les desserts nous nous baladons. Il y du jazz improvisé dans un bar. Ses yeux s’allument. Les musiciens ont un talent remarquable. Une deuxième bouteille de vin déjà finie et nous, légèrement ivres.

Nous rentrons en taxi, je regarde les lumières par la fenêtre. Je devine l’Opéra Garnier avec ses statues dorées. Ses mains sont posées sur ses genoux, je suis la ligne de ses jambes. J’évite son regard quand elle se tourne vers moi.

Chez elle, elle mets un pyjama et nous nous asseyons face à face sur le grand canapé, chacun avec un bol de thé. Nous discutons. Elle porte un pull en laine blanc, ses cheveux noirs tombent en grandes boucles. Elle est tellement ravissante que je dois m’empêcher de poser mon bol, de me pencher vers elle et de l’embrasser sur ses lèvres. O, quel malheur d’être amoureux de deux personnes en même temps… Nous nous allongeons côte à côte en écoutons la radio. La musique est douce. Elle est toute près de moi, je sens son corps, son parfum. Je suis intoxiqué. Je caresse ses cheveux, elle ne résiste pas. Elle se retourne vers moi. Il n’a y plus de mots, juste un regard. Je pourrais l’embrasser. Et je ne l’embrasse pas.