Je lui dis que j’allais inviter Henri à passer la nuit chez nous, avec nous, dans notre lit.  C’était une chose nouvelle pour nous, nous étions en couple depuis trois ans sans jamais sortir de l’exclusivité.  Il est apparu il y a quelques mois, puis est venu dîner chez nous quelques fois.  Un apéritif qui s’invitait seul à une entrée et un plat et puis un petit dessert. Nous avons ouvert une, deux, trois bouteilles de vin.  Nous partagions un goût pour de belles choses, la poésie et la musique classique, les bonnes bouteilles du fond de ma cave, l’art, le théâtre une mousse au chocolat faite main, et surtout regarder comment Natasha la préparait avec tant de soin.  Au petit matin il s’en allait, nous laissant avec de grands sourires.  Nous improvisions, volions le temps, j’aimais beaucoup ce rapprochement tout en lenteur.

Je savais qu’elle rêvait d’une expérience sexuelle avec plusieurs hommes, elle me l’avais avoué quelques fois. Quand elle se touchait, ses fantasmes allait dans cette direction : seule dans une pièce, un homme entre, suivi par un autre et puis d’autres encore. Ils la prennent dans tout les sens, violemment, elle crie en se touchant, l’orgasme vient, puis la descente, la porte se referme. Elle chasse ces hommes imaginaires de ses pensées pour revenir à la réalité. J’avais envie de la pousser un peu, briser une barrière.  « Je pense que tu vas aimer l’expérience, et si celle-là se passe bien, nous pourrions en répéter, l’inviter à venir plus souvent » disais-je.

Elle n’était pas d’accord sur le principe de la chose.  Je tentai : « Ne fut-il Wilde qui disait “Appuyez-vous bien sur les principes, ils finiront par céder” ? » Elle trouvait la citation drôle mais la réponse restait négative.  Peut-être aurais-je dû attendre l’arrivée d’Henri, et de la troisième bouteille de vin avant de lancer le sujet. Mais je préférais le faire maintenant, au lit, avec les rayons du soleil du matin qui rentrait en cascade, ses beaux cheveux en méandre sur l’oreiller, sa belle bouche rouge que je venais de baiser, ces joues encore brûlantes de l’effort de l’amour, nous étions venus à l’orgasme ensemble. Je l’aimais tellement à ce moment précis, je ne pu m’empêcher de lui faire cette proposition indécente.

Il fallait avouer que parfois sa pudeur m’agaçait, je rêvais de fréquenter une femme plus libre avec son corps et ses relations affectives. Certes, elle m’accompagnait sur la plage naturiste, nous ôtions nos vêtements sans gêne, exposant nos corps nus au bonheur du soleil de l’été.  Je ressens de l’excitation à la voir exposée au regard d’autres hommes.  Mais le sexe restait pour elle une chose très personnelle, réservée à l’intimité de notre chambre, avec fenêtres et rideaux fermés.

Il a eu d’autres candidats.  Hélas, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas : l’homme trop vulgaire, trop laid, trop vieux, trop coincé.  Henri était le premier avec lequel j’avais envie de partager.  Je ne le désirais pas, mais l’idée de le voir nu ne me déplaisait pas. J’avais envie de le voir en train de la pénétrer.  « Je ne peux pas » disait-elle. Je lui caressais la joue, je lui faisais des petits bisous.  « Je ne peut pas, vraiment », répétait-elle.

Nous avions passé une si bonne soirée, accompagnée de fous rires, de complicité, d’attraction.  Elle me regardait intensément, avec ses grands yeux. Je compris alors qu’elle me disait « oui, je peux maintenant, mais vite, avant que la folie de l’instant ne me quitte. »  En rangeant la cuisine, je les entendais parler doucement.  Alors que j’avais presque terminé, elle vint derrière moi, mis ses bras au tour de ma taille, elle me serra fort, m’embrassa l’oreille puis me mordit le nuque.  Je voyais Henri du coin de mon œil qui nous regardait, je lui fis un sourire.

Nous arrivions au moment critique, comment s’y prendre ? Henri, poli, cherchait sa veste pour nous laisser notre intimité.  Je pris sa veste et je la reposai sur le port- manteau.  Il compris. Je pense que je bandais déjà. Je guidai Natasha vers la chambre et je fis une signe de la main à Henri pour qu’il nous suive. Nous nous allongeâmes sur le lit, Natasha entre nous deux. Les caresses commencèrent alors, pendant que nos mains passaient sous ses vêtements, le soutien gorge s’ouvrit sous la pression de mes doigts. Le pantalon de Natasha était déjà ouvert, et la main d’Henri était déjà entre ses cuisses. Elle était en extase, moi aussi. J’enlevai son haut, je pris ses tétons dans ma bouche, léchai sa nuque, l’embrassai, puis je mis mon sexe dans sa bouche. Henri lui retira son pantalon, sa culotte, il commença à lécher son sexe, y mettait ses doigts. Elle ne pouvait plus respirer, elle tournait la tête pour prendre de l’air puis reprenait mon sexe dur dans sa bouche.

Henri la pénétrait, moi aussi, puis les deux à la fois, moi dans son anus et lui dans son vagin. Finalement nous vînmes tous ensemble, criant en chœur dans une harmonie splendide. Notre sperme coulait sur ses jambes, sur les draps. Après une pause, Henri et moi la prenions à tour de rôle, chacun la baisait, nous échangions, elle avait ses yeux fermés, elle subissait orgasme après orgasme.  J’invitai à Henri à la sodomiser aussi, et nous terminâmes tous les trois dans dans un mélange confus de bras et de jambes, suivi de petits caresses avant de tomber dans un sommeil profond.

Il partit pendant la nuit, je ne le vis pas sortir, mais au matin nous n’étions plus que deux. Je préparais le café quand je vis un mot sur une serviette dans la cuisine: “Je vous aime”.  Quel bel homme, je l’adore, j’espère qu’il reviendra, bientôt et souvent.  Je commençais à imaginer la même expérience avec une femme, comment serait-il de faire l’amour avec deux femmes maintenant que Natasha a fait l’amour avec deux hommes ?  Jusqu’où ce chemin allait-il nous mener ?  Je voyais déjà des orgies dans la maison, des personnes baisant partout, dans le salon, dans la cuisine, dans la chambre, du sexe partout, des gémissements d’orgasmes, l’odeur de sperme, nom de dieu.

Je retournai au lit, les rayons du soleil entraient en cascade, ses beaux cheveux en méandre sur l’oreiller, je lui faisait l’amour, et dans la lueur post-orgasmique je faisais part de mes fantasmes.  Elle refusais avec une signe de la tête mais le petit sourire aux bords de ses lèvres disait autre chose.